De nombreux agents sont classés comme cancérigènes chez l’homme par le Centre International de Recherche sur le Cancer, organisme qui dépend de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) en charge de l’évaluation du risque inhérent à chaque facteur identifié. Ces facteurs sont liés au mode de vie et aussi à l’exposition à certaines substances. Il est dès lors possible d’exercer une prévention contre des facteurs ainsi maîtrisables (en agissant notamment sur les comportements individuels), prévention dont on estime qu’elle pourrait réduire de 40% le nombre de cancers.

Le tabac, première cause de cancer

Le tabac contient plus de 70 substances cancérigènes. Le tabagisme n’est pas seulement impliqué dans la survenue du cancer du poumon ; il l’est également dans celui des voies aériennes supérieures, de l’estomac, des voies urinaires, etc. La prévention consiste en l’arrêt pur et simple du tabac, dans la mesure où une consommation même minime est encore considérée comme délétère.

Le tabac est la première cause de cancers, et ce aussi bien en France que dans le monde. De la même façon, le tabagisme est la première cause de cancer évitable.

En France, le tabagisme est responsable de plus de 35 000 décès par cancer chaque année, avant tout du poumon (90% des cas environ). Le tabagisme est ainsi la principale cause de mortalité par cancer chez les sujets de moins de 65 ans. Il est impliqué aussi dans 50 à 70% des cancers des voies aérodigestives supérieures (nez, bouche, cou, œsophage, etc).

L’augmentation du niveau de risque est liée au nombre de cigarettes fumées, et plus encore à la durée de l’exposition. C’est ainsi que l’on évalue la consommation en paquets-années (par exemple un sujet qui aura fumé 10 cigarettes par jour pendant 30 ans a une consommation de 1/2 paquet × 30, soit 15 paquet-années). Commencer à fumer à l’adolescence induit un risque supplémentaire.

Toutes les formes de consommation de tabac sont dangereuses. C’est vrai bien sûr pour les cigarettes, mais aussi pour le cigare, la pipe, la chicha ou encore le tabac à chiquer. Même le tabagisme passif a été rendu responsable de cancers.

On estime qu’avec l’éviction du tabac, on pourrait éviter environ un quart des décès liés au cancer.

La prévention passe alors par l’arrêt total de la cigarette. Plus tôt cet arrêt intervient, plus grand est le bénéfice ; plus long est le sevrage, meilleures sont les chances d’échapper au cancer, avec un risque qui disparaît presque après 10 à 15 ans de sevrage.

 

L’alcool, deuxième cause de mortalité par cancer

La consommation d’alcool est responsable de 8% des cancers ce qui en fait la seconde cause évitable de mortalité par cancer après le tabac.

En effet, la consommation excessive d’alcool est impliquée dans l’apparition de nombreux cancers, en particulier ceux de l’œsophage et de l’estomac, du foie ou cancers colorectaux.

Par ailleurs, elle renforce l’effet cancérigène d’autres facteurs, tel que le tabac.

Le risque de cancer augmente avec la dose d’alcool consommée et existe même pour une consommation limitée à un verre par jour, par exemple pour le cancer du sein. Le risque devient important à partir de dix verres d’alcool par semaine, ce qui correspond à la recommandation de « maximum deux verres par jour, et pas tous les jours ».

Le sevrage total doit être requis dans l’alcoolisme véritable (défini comme une dépendance vis-à-vis de l’alcool de tous les jours).

 

Le mode de vie : facteur de risque et moyen de prévention des cancers

Le mode de vie en lui-même peut être un facteur de risque. Les facteurs liés à la nutrition et à l’activité physique ont en effet été identifiés comme augmentant le risque de cancer.

L’alimentation intervient à plusieurs niveaux :

  • L’obésité ou le surpoids.

En effet, un indice de masse corporel (IMC) augmenté est associé à un surcroît de cancer du sein, du pancréas, du rein, du colon ou de l’œsophage. Près de 19 000 nouveaux cas de cancers en France seraient attribuables à une surcharge pondérale en 2015, soit 5,4 % de l’ensemble des nouveaux cas de cancers.

  • La consommation importante de certains aliments.

Par exemple, une forte consommation de viande rouge et de charcuterie est directement associée aux cancers colorectaux, celle de sel et d’aliments salés est rendue responsable de cancer de l’estomac. Enfin, la prise de compléments alimentaires, comprenant notamment du béta-carotène, a été impliquée dans certains cancers, tel que celui du poumon.

Par opposition à ces facteurs qui peuvent favoriser l’apparition de cancers, d’autres peuvent au contraire s’avérer protecteurs :

  • La pratique régulière d’une activité physique prévient la survenue de certains cancers comme celui du sein ou du colon.
  • La consommation de fruits et de légumes peut prévenir le développement de cancers, notamment ceux des voies aérodigestives supérieures, de l’estomac et du poumon. Les fruits et les légumes possèdent en effet des propriétés protectrices grâce à leur teneur significative en vitamines, en fibres, et peut-être plus encore en anti-oxydants. La consommation d’aliments riches en fibres (légumes secs et céréales complètes notamment) est associée à une diminution du risque de cancer colorectal.

L’allaitement, enfin, est protecteur.

Il est notable que les facteurs de risque nutritionnels sont globalement les mêmes que ceux impliqués dans les maladies vasculaires. Les gériatres pensent même qu’ils sont associés à un surcroît aussi de maladie d’Alzheimer. D’où l’importance vraiment cruciale de la prévention nutritionnelle.

 

Le soleil : s’en protéger pour éviter les cancers de la peau

Les UVA et les UVB émis par le soleil sont responsables de la plupart des cancers de la peau (les 2/3 environ), et notamment des mélanomes. On pourrait pourtant aisément se protéger des mauvais effets de ces rayons par l’application régulière de crème solaire ou en évitant de s’exposer au soleil lors des heures les plus chaudes.

Ces cancers sont en constante augmentation. Un mélanome de la peau est diagnostiqué chez 15 000 personnes par an, avec une augmentation de 3% par an sur la période 2010-2018.

Contrairement aux idées reçues, le danger ne vient pas uniquement des coups de soleil.

Deux types de rayons UV provenant du soleil peuvent atteindre la peau :

  • Les UVB, ceux qui sont responsables du phénomène de « coup de soleil » ;
  • Les UVA, qui pénètrent, eux, profondément dans la peau mais dont les effets ne se voient pas immédiatement.

Les UVA comme les UVB augmentent le risque de cancer de la peau. Il est à noter que certains de ces rayons ne sont pas filtrés par une vitre et on n’est donc pas nécessairement protégé derrière une vitre (en voiture par exemple).

Pour se protéger, différents moyens existent en plus de la protection par une crème, car la crème solaire n’offre qu’une protection incomplète. Il convient donc :

  • De se protéger avec des vêtements (tee-shirt, chapeau) en plus de la crème, pour la raison que les vêtements protègent plus efficacement des UV que la crème ;
  • D’éviter une exposition aux heures les plus chaudes, c’est-à-dire entre midi et 16h. C’est durant cette période, en effet, que les rayons sont les plus puissants ;
  • Se mettre à l’ombre ;
  • Appliquer de la crème protectrice régulièrement, au moins une fois toutes les deux heures.

 Ces conseils valent tout particulièrement pour les enfants et les adolescents, qui sont les plus fragiles.

Certaines peaux sont plus sensibles que d’autres. C’est le cas des personnes à peau claire, et aux cheveux blonds ou roux. En effet ces phénotypes clairs sont plus à risque de développer un cancer de la peau.

Enfin, les personnes présentant un grand nombre de grains de beauté ou des antécédents familiaux de cancers de la peau sont également à risque et doivent faire examiner leur peau régulièrement par un dermatologue.

 

Les facteurs environnementaux : une exposition constante

De nombreuses substances que l’on trouve communément dans l’environnement de tous les jours sont cancérigènes. Leur liste est non seulement non exhaustive, mais ne cesse d’être complétée. Le CIRC en dénombre ainsi plusieurs centaines. Selon les sources, de 10 à 30% des cancers seraient dus à ces facteurs environnementaux.

Certaines expositions sont clairement identifiées comme cancérigènes. C’est le cas, par exemple :

  • du radon, qui augmente les cas de cancer du poumon
  • de certains pesticides
  • de la pollution atmosphérique
  • de la pollution de l’air intérieur pour laquelle le tabagisme passif est la source la plus dangereuse

D’autres sont possiblement cancérigènes comme les champs magnétiques de très basse fréquence.

 

Les virus et les bactéries : le rôle des agents infectieux

Certains cancers se développent à partir d’infections par des virus ou des bactéries, avec la particularité dans ce cas d’une transmissibilité, dont la voie sexuelle. En réalité, en toute rigueur, ce ne sont pas les cancers eux-mêmes qui sont transmissibles, mais les agents infectieux en cause.

4% des cancers sont liés à des infections :

  • Cancer du foie : virus de l’hépatite B et C
  • Cancer du col de l’utérus : Papillomavirus humain (HPV)
  • Cancer de l’oropharynx : Papillomavirus humain (HPV)
  • Lymphomes non hodgkiniens : virus Epstein Barr (EBV), virus du VIH
  • Maladie de hodgkin : virus Epstein Barr (EBV)
  • Cancer de l’estomac : bactérie Helicobacter pylori
  • Sarcome de kaposi : virus du VIH

Ces cancers étant liés à des infections transmissibles, ils peuvent être évitables.

Ainsi, l’usage du préservatif est efficace dans la lutte contre la transmission des virus sexuellement transmissibles, tels que celui de l’hépatite B et le VIH. La transmission du papillomavirus humain, en revanche, peut se faire avec des pratiques sexuelles telles que des attouchements par des mains souillées ou une fellation non protégée. L’usage du préservatif ne protège donc que partiellement.

La vaccination peut s’avérer efficace aussi. Tel est le cas pour l’hépatite B et, en partie, pour le papillomavirus humain. Cette dernière, en effet, n’offre une protection vis-à-vis du cancer de l’utérus que dans 70% à 90% des cas (pour la raison qu’il existe différents types de papillomavirus). Cette protection incomplète justifie donc le dépistage régulier du cancer du col de l’utérus par un frottis cervico-vaginal.

A noter que la vaccination contre le papillomavirus concerne filles et garçons.

 

Sources