Dans notre société, la perte auditive est encore trop vécue comme un marqueur négatif de vieillissement ou de handicap. La perte auditive perturbe l’image de soi en s’accompagnant d’un sentiment de « dégradation de son image». Alors le réflexe va être de cacher le plus longtemps possible sa perte auditive. Mais à qui la cache-t-on réellement ? Plusieurs études scientifiques nous montrent le risque santé de cette stratégie. Est-ce le bon réflexe ?
Un lien étroit entre déficience auditive et capacités intellectuelles
Les études réalisées en 2011 et 2013 par le Professeur Franck Lin (*), médecin ORL de l’hôpital John Hopkins a démontré le lien entre la perte auditive non compensée et la démence chez le sujet âgé. Ces résultats ont été corroborés par l’étude de l’équipe bordelaise pilotée par le docteur en neurosciences, le docteur Hélène Amièva en 2016 (*). Celle-ci montrait le lien entre déficience auditive et capacités intellectuelles. Si aujourd’hui, les experts ne savent pas encore expliquer précisément les liens de corrélation, la communauté scientifique s’accorde à indiquer que la santé du cerveau et son bon vieillissement dépendent de la prise en charge médicale de la perte auditive.
Un enjeu du maintien de la qualité de vie sociale
Lorsque la perte auditive n’est pas assumée, elle entraîne un comportement de retrait de la vie sociale du patient. Celui-ci va faire répéter une fois, deux fois… puis ne plus insister. Tenter de comprendre la parole devient aussi fatiguant. Là encore, le « goût des autres » va se ternir peu à peu. Le plus grand stimulant cognitif demeure l’interaction sociale. Le média central : l’oreille.
Il est nécessaire d’établir la différence entre entendre et bien entendre pour bien comprendre. Bien entendre, permet à votre cerveau de décoder de manière fluide et rapide les informations sonores qu’il reçoit. Cela favorise également de se sentir en sécurité dans son environnement grâce à la fonction d’alerte. L’oreille est un véritable radar sonore, qui analyse en permanence les sons. La qualité de ces enchaînements va aussi agir sur les émotions.
Pour se sentir bien et être bien avec les autres, il est incontournable de gérer sa perte auditive.
Cacher sa perte auditive : une stratégie à bannir
Objectiver sa perte auditive n’est pas si aisée que cela tant nous sommes forts pour mettre en place des stratégies pour cacher aux autres ses difficultés de compréhension. « je n’étais pas concentré » « Je n’ai pas fait attention » « Il marmonne »… Pour cette raison, la consultation ORL est incontournable.
En cas de diagnostic avéré, le médecin ORL étudiera avec vous l’éventualité d’un appareillage. Il est alors nécessaire de prendre son temps mais pas trop non plus. La gêne de compréhension de la parole ne doit pas enclencher un effet domino sur votre équilibre de santé et la qualité de vos relations sociales. Donc trouver « le bon moment » en mesurant le gain face à l’inconfort du quotidien de ne plus pouvoir suivre les échanges. S’enclenche un processus d’acceptation et de projection de soi avec les appareils auditifs. Dans cette période :
- S’informer auprès des professionnels de santé audioprothésistes sur les différentes solutions auditives et leurs caractéristiques.
- Observer également les passants dans la rue, ses collègues, ses proches… et se rendre compte que de nombreuses personnes sont équipées.
- Tester les appareils pour se rendre compte du confort de comprendre sans peiner et faire le pas. Le dispositif d’appareillage intègre le test.
- Oser rencontrer l’audioprothésiste pour effectuer les réglages qui vous permettent de maintenir vos modes et vos habitudes de vie sociale.
N’hésitez pas à consulter un professionnel du réseau de soins recommandé par votre mutuelle. Vous bénéficierez d’une prestation au bon rapport qualité-prix et de nombreux autres avantages
D’autres professionnels peuvent également vous aider dans la phase d’acceptation : les professionnels psychologues cliniciens et les orthophonistes.
Pour être en forme au quotidien et mettre en place une bonne stratégie de bien vieillir, en cas de gênes de compréhension de la parole, j’agis.
(*) Sources :
2011 – Etude du Pr. Franck Lin, « Perte auditive et maladie neurodégénérative » Revue Archives of Neurology
2013 – Etude du Pr. Franck Lin « Déficience auditive et démence » – Revue Aging & mental health
2016 – Etude du Dr.Hélène Amiéva – Amieva H, Ouvrard C, Giulioli C, Meillon C, Rullier L, Dartigues JF. Self-Reported Hearing Loss, Hearing Aids, and Cognitive Decline in Elderly Adults: A 25-Year Study. J Am Geriatr Soc.