Manger en trop grande quantité, trop vite ou pas assez : ce comportement, s’il est compulsif et récurrent, peut être le signe d’un trouble alimentaire. Une maladie susceptible de s’aggraver lors d’un éventuel reconfinement. Comment les identifier et réagir pour éviter leurs effets néfastes sur la santé ?

Qu’est-ce qu’un trouble alimentaire ?

Les troubles alimentaires, ou troubles des conduites alimentaires (TCA), sont des comportements passagers ou persistants qui se déclinent sous différentes formes et perturbent le rapport à l’alimentation. Il s’agit d’une façon de s’alimenter qui n’est pas en adéquation avec les besoins du corps et qui pousse à une sur- ou sous-nutrition.

La boulimie
La boulimie pousse une personne à manger de manière excessive, fréquemment et en grandes quantités, sans aucun contrôle. On parle alors de « crises de boulimie », au cours desquelles la personne va ingérer de la nourriture, souvent riche (grasse, sucrée), jusqu’à éprouver une sensation de trop-plein, voire de dégoût. Les personnes atteintes de boulimie sont souvent sujettes à un sentiment de culpabilité d’avoir trop mangé, qui suit ces crises. Ce sentiment peut alors les amener à compenser leur comportement par la prise de laxatifs et de diurétiques, par l’observation d’un jeûne ou encore par des vomissements volontaires.

L’anorexie
L’anorexie se caractérise par une sous-alimentation : les personnes atteintes d’anorexie présentent une absence d’envie et un refus de la nourriture. Elles se trouvent souvent trop grosses. L’image qu’elles ont d’elles-mêmes est alors déformée, ce qui les pousse à avoir une alimentation très faible en calories. L’anorexie s’accompagne souvent de vomissements volontaires afin de ne pas prendre de poids ou en perdre. Ce culte voué à la minceur, voire à la maigreur, peut aller jusqu’à mettre sa santé en danger. Ce trouble touche majoritairement les jeunes femmes.

L’hyperphagie
L’hyperphagie est semblable à la boulimie dans la consommation excessive de nourriture par crises. En revanche, contrairement à la boulimie, on ne constate pas ici de comportements compensatoires (sport, vomissements, privations, etc.). Ainsi, l’hyperphagie mène à un surpoids, voire une obésité.

Tous concernés ?

Les troubles alimentaires concernent autant les hommes que les femmes, et ce à tout âge. Cependant, en France, plus de 80 % des personnes atteintes de ces troubles sont des femmes, le plus souvent à l’adolescence. Si l’on prend en compte tous les troubles alimentaires, on estime que près de 10 % de la population pourrait être concernée par l’une de ces pathologies[1].

Le confinement dû à la Covid a été source d’angoisse. Moral en baisse, huis clos à domicile et nourriture à portée de main peuvent favoriser l’apparition de crises. La ligne d’écoute nationale Anorexie Boulimie Info Écoute a d’ailleurs constaté en avril dernier une hausse de 20 % des appels[2].

Quelles sont leurs conséquences ?

Pour un boulimique, les ingestions excessives d’aliments répétées peuvent conduire à des prises de poids, voire à de l’obésité. Ceci s’accompagne souvent aussi d’une augmentation du taux de cholestérol et du risque de diabète. De son côté, l’hyperphagie peut conduire à une forte prise de poids également, voire à une situation d’obésité, ainsi qu’à une souffrance psychique.

La sous-alimentation due à l’anorexie peut entraîner de fortes pertes de poids et donc des carences, une absence de règles chez les femmes, ou encore une perte de cheveux. On peut aussi observer chez les personnes anorexiques des problèmes d’ostéoporose, une baisse de tension, des accès fréquents de fatigue et des malaises. À un stade avancé, la dénutrition peut avoir des séquelles à vie, voire dans les cas les plus graves entraîner la mort.

Des vomissements à prendre au sérieux

Dans les deux cas, les vomissements répétés peuvent causer une œsophagite, soit une inflammation de l’œsophage due à l’acidité de la bile qui remonte de l’estomac. Ils peuvent aussi entraîner une forte déshydratation.

Quels sont les signes d’alerte d’un trouble alimentaire ?

Il existe différents signes à reconnaître pour détecter un trouble alimentaire chez un proche ou chez soi-même. L’origine d’un trouble alimentaire est souvent issue d’un mal-être : angoisses, dépression, manque de confiance en soi, etc. Il peut aussi résulter d’un mauvais rapport à son corps. Une personne atteinte de TCA est une personne qui va mal.

Elle peut présenter différents signes :

  • Fatigue ;
  • Insomnies ;
  • Tendance à s’isoler : en général ou pour manger uniquement ;
  • Rapport obsessionnel à la nourriture qui dépasse largement le simple plaisir gustatif ou la nécessité de subvenir à ses besoins nutritionnels ;
  • Angoisse, malaise avant ou pendant les repas ;
  • Irritabilité, sautes d’humeur.

Pour un anorexique :

  • Être préoccupé concernant sa vision du corps et son poids (avoir une vision négative et déformée dans le miroir) ;
  • Avoir une pratique intensive du sport ;
  • Porter des vêtements amples pour cacher sa maigreur ;
  • Analyser les calories de chaque aliment.

Comment soigner un trouble alimentaire ?

Certains troubles ne sont que passagers et se résorbent d’eux-mêmes. Ils peuvent être causés par une phase de stress, d’anxiété, d’angoisse ou de perturbation dans le quotidien, et cessent lorsque ces chamboulements disparaissent. D’autres, plus persistants, nécessitent des soins.

Premier pas : en parler

Parler de ses troubles alimentaires est le premier pas vers la guérison. On met le doigt sur la pathologie pour entamer ensuite la phase de soin. Vous pouvez en parler à un proche si vous le désirez. Si vous n’osez pas, il existe des plateformes d’écoute :

  • Anorexie Boulimie Info écoute de la FFAB, Fédération française anorexie et boulimie : 08 10 03 70 37 – Lundi, mardi, jeudi et vendredi de 16 h à 18 h.
  • Ligne d’écoute Enfine, une association de sensibilisation au problème de l’anorexie : 01 40 72 64 44 – Mardi et jeudi de 20 h à 22 h.

Une application mobile Blue Buddy peut aussi vous accompagner au quotidien avec un journal alimentaire, des techniques de psychothérapie, etc.

Cependant, consulter un médecin généraliste est essentiel pour diagnostiquer le trouble, en parler et trouver une aide auprès de professionnels médicaux adaptés.

Thérapie comportementale et/ou suivi psychologique

Pour prendre en charge les troubles alimentaires, une thérapie comportementale est généralement conseillée. Il s’agit d’une thérapie qui vise à modifier un comportement chez une personne grâce à toute une série d’exercices.

Un suivi psychologique, chez un psychologue ou un psychiatre, est aussi recommandé : ce travail permet de mettre en évidence des souffrances internes qui peuvent avoir conduit à ces comportements. Dans les cas sévères, si la santé est en danger, une prise en charge dans un service hospitalier ou un établissement spécialisé peut aussi être envisagée.

Médecines douces et alternatives

Des séances de yoga et de méditation en pleine conscience à faire chez soi, grâce à l’application Petit Bambou, ou encore de l’hypnose, peuvent aussi aider les patients à retrouver un équilibre alimentaire, en parallèle d’une thérapie. Vous pouvez trouver des spécialistes des médecines douces grâce au réseau de praticiens Médoucine.

Les troubles alimentaires sont de plusieurs niveaux et peuvent être passagers comme très sérieux. Une envie intempestive de finir une tablette de chocolat ou un pot de pâte à tartiner ne nécessite pas forcément de s’affoler. Si le phénomène devient récurrent, soyez en revanche plus attentif quant à vos habitudes alimentaires afin de détecter un éventuel trouble.

 

Sources :

https://sante.journaldesfemmes.fr/fiches-maladies/2537660-anorexie-mentale-definition-causes-traitement/

https://psychotherapie.ooreka.fr/comprendre/troubles-alimentaires

https://www.ameli.fr/assure/sante/themes/boulimie-et-hyperphagie-boulimique/boulimie-hyperphagie-boulimique-definition-causes

https://www.doctissimo.fr/medecines-douces/medecines-douces-perte-de-poids/medecines-douces-et-troubles-du-comportement-alimentaire-tca

 

[1] Chiffres : https://www.frm.org/recherches-autres-maladies/troubles-des-conduites-alimentaires/focus-troubles-conduite-alimentaires

[2] https://www.rfi.fr/fr/podcasts/20200429-troubles-conduite-alimentaire-confinement