Le temps passé sur les écrans augmente chez les jeunes et les durées d’écoute du son avec. Les comportements des adolescents de 15-17 ans sont systématiquement pointés du doigt mais les enfants sont concernés, copiant les frères et sœurs et les parents. Pourtant la maturation du cortex auditif se réalise jusqu’à la 6e année de l’enfant et en théorie, les cellules sensorielles de l’oreille ne commenceraient leur processus de vieillissement qu’à partir de 20 ans. Il est donc important de préserver l’audition afin de favoriser le bon développement de ce sens essentiel.

Tout repose sur une dotation à la naissance

La cochlée est fonctionnelle à 30 semaines de gestation. Elle renferme les cellules sensorielles de l’oreille ; celles qui vont transmettre les informations au cerveau via le nerf auditif. Elle contient seulement 15 000 cellules dans chacune des oreilles. Il s’agit là d’une dotation unique, un capital précieux à conserver lorsque l’on prend conscience que ces cellules ont la particularité de s’user avec l’avancée en âge ou sous l’effet d’expositions sonores toxiques. Une fois usées ou abîmées, ces cellules disparaissent. A ce jour, la médecine ne sait les remplacer. Il est donc indispensable de préserver ce capital au cœur duquel se trouvent les mécanismes de 3 fonctions essentielles à l’éveil et au développement de l’être humain : la communication, l’alerte et les émotions. C’est un formidable outil pour développer ses potentiels de santé et de relations aux autres. Dans la mesure où le cortex auditif (zone du cerveau dédiée à l’Ouïe) mature jusqu’à l’âge de 7 ans, il serait idéal d’exploiter cette période pour décupler sa richesse. La mémoire auditive est une formidable ressource. 

L’audition chez l’enfant est mise à l’épreuve des modes de vie sonores

Mais les modes de vie actuels fortement emprunts d’expositions sonores en tout genre ont tendance à fatiguer l’oreille. Utilisation des écouteurs chez les enfants en bas âge pour écouter les vidéos sur la tablette des parents ; utilisation des écouteurs sur de longues durées et à fort volume chez l’adolescent avec des tendances à l’écoute lors de l’endormissement ; tout ceci met en danger les équilibres de l’oreille des jeunes. Outre le facteur de risque d’altération lié à l’intensité sonore et à la durée d’écoute, c’est aussi la « fatigue de l’oreille » qui est à craindre. En effet, les sollicitations sonores sont source de stress acoustique exercé sur les cellules de l’oreille. Plus ce stress est important, plus les cellules sont engorgées et plus les informations sont difficilement décodables par le cerveau. Cette mise en difficulté contribue à des gênes de compréhension de la parole, à des pertes de concentration, au stress plus global et à la fatigue. C’est alors les capacités à suivre les apprentissages qui peuvent être dégradées. A fortiori, lorsque l’oreille fatigue, c’est là que les symptômes acouphènes  et troubles de l’audition peuvent survenir.

Normalement momentanés, ces effets disparaissent après un temps de récupération. Mais celui-ci a tendance à se réduire du fait de la présence des expositions sonores tant à l’extérieur qu’à l’intérieur du foyer.

Alors comment faire ?

La règle d’or du point de vue de l’oreille est de veiller à la dose d’expositions sonores et à l’intensité du volume. Dans tous les cas, des temps de calmes sonores sont à privilégier pour offrir des fenêtres de récupération aux oreilles et tout particulièrement lors de la nuit de sommeil. Il ne s’agit pas de silence pur qui n’existe pas dans la vie réelle mais d’une ambiance calme en dessous de 30 dB. Alors attention à la résonance de la télévision dans l’appartement par exemple.

Pour l’adolescent, il est possible de lui apprendre à moduler ses formes d’écoute et d’aller vers l’utilisation d’enceintes nomades pour lâcher les écouteurs et de l’inviter à des temps de récupération. Une manière de le convaincre est de le mettre au défi de tester et de percevoir l’amélioration de la vitesse d’intégration des apprentissages de la journée au collège ou au lycée. La mémoire auditive se travaille et peut être d’une grande ressource !

Car l’acuité auditive se travaille et affiner son ouïe est aussi une richesse. Il est alors nécessaire d’enrichir la palette sonore en modulant écoute de sons amplifiés (son de la musique sur le smartphone) et sons naturels. Les sons amplifiés ont tendance à appauvrir le spectre sonore en stimulant l’oreille sur une bande de fréquence de référence et réduisant les silences. L’oreille est rendue paresseuse, sans temps de respiration L’émotion est recherchée par l’intensité physique du son.

Chez l’enfant ou l’adolescent, il est important d’intégrer le suivi de l’audition au parcours médical. Des étapes obligatoires sont rappelées dans le carnet de santé de l’enfant. Une vigilance particulière est à apporter en cas d’otites à répétitions ou à une forme de fragilité ORL (rhume régulier, sinusites etc). Des examens réguliers sont alors préconisés. Bien entendu, lorsque vous percevez une moindre réaction lorsque vous faites tomber une fourchette sur le sol ou que votre enfant ou adolescent vous fait répéter, il est recommandé d’initier une consultation de vérification.