La France est le quatrième utilisateur de pesticides à visée agricole au monde et le premier utilisateur européen. Les ventes de pesticides y atteignent environ 80 000 tonnes par an. Votre blog Mieux-Etre fait le point sur son utilisation et vous donne ses conseils pour préserver votre santé.

 

Qu’est-ce qu’un pesticide ?

Les pesticides sont des substances toxiques utilisées pour éliminer des organismes jugés nuisibles à la production agricole ou à la santé publique. Il existe une multitude de substances actives différentes.

Composé des mots latins “pestis” qui signifie “fléau” et “caedere” qui signifie “tuer”, le terme “pesticide” est passé dans le langage courant en France dans les années 50, date à partir de laquelle l’utilisation de ces substances a doublée toutes les décennies. Le recours quasi systématique aux pesticides dans le secteur agricole comme dans la vie quotidienne, rend ses résidus omniprésents dans l’environnement. 

 

Quelles sont les situations d’exposition aux pesticides ?

Si l’alimentation est la principale source d’exposition aux pesticides, il ne faut pas négliger l’importance des autres sources de contamination comme l’intérieur de nos maisons qui concentre un véritable cocktail de substances toxiques.

 

L’alimentation, principale source d’exposition

La plupart des résidus de pesticides ingérés le sont via l’alimentation solide. Les aliments les plus contaminés sont les fruits et les légumes. En second plan, arrivent les céréales dont les traitements fongiques post-récolte se cumulent aux traitements reçus pendant la croissance des plantes. Puis viennent le lait et le vin.

En France, il est fréquent que l’eau de boisson, eau du robinet ou eau embouteillée, contienne des résidus de pesticides. En 2013, une enquête de l’association 60 millions de consommateurs en partenariat avec la fondation France Libertés a révélé des traces de biocides et de médicaments dans l’eau du robinet de plusieurs départements ainsi que dans certaines eaux en bouteilles. Une étude  18 mois plus tard confirme en partie ces résultats. Les taux de ces résidus sont le plus souvent en dessous des limites maximales de résidus (LMR) mais s’additionnent aux résidus de pesticides présents dans les aliments. En cas de dépassement des seuils autorisés dans l’eau du robinet, une alerte sera faite par la mairie de votre commune, le plus souvent par voie d’affichage, vous recommandant de ne plus boire l’eau du robinet pendant un certain temps.

 

L’environnement extérieur

En zone rurale et agricole, la contamination par les pesticides a souvent lieu au moment des épandages car les produits sont disséminés par le vent. Les concentrations de pesticides dans l’air sont donc plus marquées en été et dans l’arrière-saison et moins marquées en hiver. Ce phénomène a été mis en évidence par l’étude Airaq (désormais Atmo Nouvelle Aquitaine ) menée en 2011 dans 4 établissements scolaires de la région aquitaine. Plus la zone d’habitation est proche des zones agricoles, plus la contamination est importante.

Les habitants des zones urbaines ne sont pas plus à l’abri, certaines études montrant qu’on est encore plus exposé en milieu urbain. En plus des traitements des espaces verts, des voiries, le citadin est également victime des traitements effectués par les particuliers qui souvent ne respectent pas les conditions d’utilisation des produits phytosanitaires.

 

L’environnement intérieur

L’air intérieur est souvent encore plus pollué que l’environnement extérieur ! Se cumulent les pesticides utilisés sur les plantes d’appartement, les traitements insecticides médicamenteux humains tels que les traitements anti-poux ou vétérinaires comme les traitements anti-puces, les insecticides à diffusion lentes comme les anti-moustiques ou les anti-cafards, les produits de traitement des charpentes, les produits anti-moisissures, les résidus de pesticides véhiculés par les vêtements contaminés au cours de l’activité professionnelle.

 

Le milieu professionnel

L’exposition aux pesticides en milieu professionnel peut se faire lors de la fabrication, du stockage, du transport ou de l’utilisation des produits. Les agriculteurs sont soumis à une exposition plus longue et à des concentrations de polluants plus fortes que le reste de la population. Les agriculteurs sont exposés non seulement pendant la phase d’épandage mais aussi lors de l’achat, du transport, du stockage, lors de l’élaboration de la bouillie dans les cuves d’épandage, durant le nettoyage des outils après l’épandage. Les viticulteurs sont particulièrement exposés

Les professionnels intervenant dans l’entretien des voiries, des voies ferrées, des espaces verts, les professionnels de la désinsectisation, des soins vétérinaires ou de l’hygiène publique, les personnes travaillant dans le traitement du bois ou la manipulation de bois traité, les jardiniers et les paysagistes sont aussi concernés par ce problème.

 

Les catastrophes majeures

Il ne faut pas non plus minimiser le rôle des accidents, plus rares mais aux conséquences désastreuses. Il peut s’agir d’explosion d’usines ou de lieux de stockage des pesticides comme ce fut le cas en 1984, à Bhopal, en Inde. L’explosion de l’usine Carbide libéra un nuage toxique qui provoqua la mort de 16 000 à 30 000 personnes et qui fit 250 000 à 500 000 blessés souffrant de brûlures chimiques, de cécités mortelles. Aujourd’hui encore, des milliers d’habitants de Bhopal boivent une eau contaminée et vivent sur un site qui n’a jamais été nettoyé, la société n’ayant jamais pris en charge ce nettoyage. Ce fut également le cas en 1976 à Seveso, en Italie, lorsqu’une fuite dans une usine fabriquant des herbicides provoqua la mort de centaines d’animaux et l’intoxication de la population, forcée d’évacuer la zone. D’autres « incidents », moins dramatiques, ont lieu très régulièrement dans le monde. 

 

Comment se protéger des pesticides ?

Il convient d’éviter au maximum d’utiliser des pesticides de synthèse et surtout de protéger les populations les plus vulnérables que sont les femmes enceintes et les enfants.

 

Se protéger des pesticides à la maison

Evitez l’utilisation de pesticides à l’intérieur quand vous le pouvez.

  • par exemple, les traitements anti-poux chimiques sont à bannir. Dangereux pour l’homme, ils entraînent une résistance des parasites à l’insecticide. Il faut privilégier les produits sans insecticides composés d’huile végétale qui asphyxie les poux, en complément d’un peignage effectué à l’aide d’un peigne dont les dents ne sont pas écartées de plus de 0,3 mm. Ce traitement sera répété autant de fois que nécessaire et complété par un lavage soigné des vêtements et des linges en contact avec la tête,
  • évitez les insecticides à diffusion progressive que l’on place à côté du lit pour éloigner les moustiques par exemple. Préférer les huiles essentielles ou l’installation de moustiquaires,
  • ne vaporisez pas de pesticides de synthèse sur les plantes d’appartement et privilégiez les traitements naturels.

 

 Se protéger des pesticides dans l’alimentation

  • mangez des produits biologiques si vous le pouvez. Sinon, pelez les fruits ou les légumes qui s’y prêtent et lavez soigneusement les autres,
  • ne pas proposer une eau dont la concentration en nitrates est comprise entre 50 et 100 mg/l aux femmes enceintes et aux nourrissons. Ne pas consommer ou utiliser pour un usage alimentaire une eau dont la concentration en nitrates est égale ou > à 100 mg/l,
  • respecter les restrictions d’eau décidées par les autorités en cas de pollution importante. Les recommandations sont alors diffusées à la population par voie d’affichage dans les mairies. Si la restriction dure longtemps, la mairie peut être amenée à fournir aux habitants de l’eau potable.

Vous avez la possibilité de connaître les niveaux de polluants présents dans l’eau de votre commune en consultant les résultats du contrôle sanitaire de la qualité de l’eau potable , commune par commune, sur le site Internet du ministère des Affaires sociales et de la Santé.

 

Se protéger des pesticides à l’extérieur

Jardiner en toute sécurité

Il faut respecter la biodiversité, signe de bonne santé du jardin. Les « mauvaises herbes » sont adaptées à votre région et fournissent un refuge à la faune locale et aux insectes auxiliaires. De même, les invasions d’insectes nuisibles sont souvent éphémères et les parasites disparaissent une fois que les conditions climatiques changent ou que la faune prédatrice a fait son travail. Il convient d’éviter au maximum d’utiliser des pesticides de synthèse, surtout au potager. On peut utiliser des produits utilisables en agriculture biologique vendu dans le commerce, ou mieux utiliser des recettes de grand-mères qui ont fait leurs preuves. Par exemple, pour limiter l’invasion de « mauvaises herbes » sans y passer tout son temps libre, on peut :

  • pailler autour des cultures ou composter en surface,
  • biner régulièrement. Ce procédé permet également d’économiser des arrosages,
  • pulvériser de l’eau de cuisson des pommes de terre ou de l’eau bouillante sur les plantes à éliminer,

Pour éloigner les insectes, il existe différentes astuces comme :

  • planter du persil pour éloigner les pucerons,
  • planter des œillets d’Inde au pied des tomates pour éloigner les nématodes,
  • mettre de la cendre de bois ou du sable autour des plantes que l’on souhaite protéger des limaces et des escargots,

Le petit guide santé du jardinage de l’Association Santé Environnement France (ASEF)  et le site Jardiner autrement  vous apprendront à jardiner sans recours aux pesticides.

 

Se promener en toute sécurité

  • évitez de vous promener avec votre famille à proximité d’une zone agricole sur laquelle un épandage de produits phytosanitaires est en cours ou vient d’avoir lieu,
  • évitez le picorer du blé, du maïs ou tout autre produit glané au cours d’une ballade sans l’avoir lavé,
  • lors de vos promenades le long du littoral, évitez les zones contaminées par les algues vertes. Les zones contaminées font, la plupart du temps, l’objet d’une restriction d’accès comme un affichage, une barrière. Une exposition, même à court terme, peut être fatale, surtout pour les enfants qui pourraient glisser, chuter dans les algues et inspirer une dose mortelle. Ces algues se reconnaissent facilement : elles sont de couleur verte et deviennent blanches en séchant. En se putréfiant, elles dégagent une odeur d’œuf pourri.

Si vous êtes amené à utiliser des pesticides de synthèse, pensez :

  • à utiliser les produits les moins nocifs pour vous et pour l’environnement en repérant les pictogrammes présents sur les étiquettes des pesticides,
  • à éviter les produits présentés sous forme de poudre qui pourraient être inhalée ou entrer en contact avec les muqueuses,à éloigner les enfants et les femmes enceintes jusqu’à ce que les effets se dissipent,
  • à utiliser des protections appropriées tels que des gants, des lunettes, un masque,
  • à suivre les recommandations d’utilisation indiquées sur l’étiquette du produit,
  • à aérer la pièce pendant et après l’utilisation,à vous laver soigneusement les mains après avoir utilisé des pesticides,
  • à ranger les produits hors de la portée des enfants,à ne pas transvaser dans un autre récipient que le flacon d’origine,
  • à ne jamais mélanger deux pesticides,
  • à éviter de traiter vos plantes par temps venteux ou pluvieux.