Reprendre le travail après une longue maladie peut être vécu comme une démarche compliquée. En effet la lourdeur des soins, la longueur de l’arrêt, la souffrance traversée bouleversent nombre de repères : le physique, le mental, la confiance en soi, le rapport aux autres, au travail… Pour que le retour au travail se passe dans les meilleures conditions possibles, il est important d’avoir conscience de l’impact de la maladie chronique sur l’activité professionnelle, de s’appuyer sur les interlocuteurs proposant un accompagnement et de connaître les dispositifs facilitant la réintégration dans l’emploi.

Quel est l’impact de la maladie chronique lors de la reprise du travail ?

Les changements provoqués par la survenue de la maladie, l’expérience vécue changent souvent de façon importante notre regard sur le monde et en particulier le monde du travail.

Parfois les priorités, les valeurs changent du tout au tout et certains abordent le travail avec plus de recul. D’autres, au contraire redoublent d’exigences. Ces exigences inhérentes à leur état de stress (peur de ne pas y arriver, crainte du regard des autres, culpabilité face à la surcharge de travail de ses collègues) sont à l’origine d’un investissement excessif qui n’est pas favorable à leur santé à court ou long terme.

Il est de ce fait important, de se faire accompagner psychologiquement avant et lors de ce retour et après, afin de ne pas être ni dans des excès de surinvestissement trop tôt ou de report inadapté du retour. Se faire accompagner par un psychologue, c’est à la fois se fixer de nouveaux objectifs, mobiliser ses ressources mais aussi apprendre à se détacher du regard, de l’attitude ou des médisances éventuelles des autres et gérer ses colères, ses déceptions voire ses propres pensées inadaptées…

Quelques jours avant et la veille de votre reprise quoi qu’il en soit détendez-vous un maximum, faites tout pour voir les choses de manière positive.

En synthèse, il est important d’être accompagné. Cet accompagnement peut se faire de différentes façons, avec différents intervenants, d’autant que les situations varient d’une personne à l’autre et que chacun réagit différemment.

Comment préparer son retour dans l’entreprise

Les contacts (éventuels) avec l’entreprise pendant l’arrêt

Garder le contact avec les collègues est un atout pour un retour réussi, afin entre autres de se renseigner sur l’évolution du contexte de travail ou les évolutions des postes. De plus, les contacts informels avec le collectif de travail peuvent apporter un soutien émotionnel.

Par ailleurs, une absence de longue durée peut mettre dans une position d’incertitude, voire d’inquiétude, pour organiser sa vie personnelle et professionnelle (calcul des droits aux congés payés l’année après la reprise, répercussions salariales et conventionnelles, possibilités légales de reprendre à temps partiel par exemple pour des raisons thérapeutiques, personnes-ressources pouvant aider à préparer son retour, etc.). Le service des ressources humaines permet de bénéficier d’informations utiles sur l’entreprise, les démarches et aides possibles, la formation, les aspects juridiques …

Enfin, indiquer à l’employeur la date de la reprise lui permet d’anticiper le retour.

En dehors des échanges privés entre collègues, les contacts ne peuvent se faire qu’à l’initiative du collaborateur, l’employeur n’étant pas autorisé à contacter les personnes en arrêt maladie.

La date de retour

Bien évaluer son état de santé est difficile. Parfois il est mesuré de façon optimiste avant, et après une journée de travail le retour à la réalité peut être brutal voire vécu comme un échec inutile.
Inversement, le retour au travail peut être retardé par des craintes liées à des questions telles « Vais-je pouvoir y arriver ? » « Comment vont réagir mes collègues, mon manager ? ». L’attentisme peut accentuer les appréhensions déjà existantes.

Une rencontre première avec le manager, l’équipe puis un retour progressif (mi-temps thérapeutique par exemple) permet dans de nombreux cas de réussir un retour au travail.

Les efforts nécessaires, le temps de reprendre définitivement les rênes de votre poste, si votre santé le permet, doit s’organiser dans le temps d’où l’importance de réfléchir à des aménagements horaires et à ne pas reprendre trop tôt.

A noter : La loi prévoit que tout salarié atteint d’une Affection de Longue Durée reconnue par l’assurance maladie obligatoire bénéficie d’autorisations d’absence pour les traitements médicaux rendus nécessaires par son état de santé. Il est donc possible de reprendre le travail lorsqu’on a encore besoin de soins.

Comment se passe le retour au travail ?

La réintégration dans l’emploi

La réintégration après un arrêt maladie du salarié apte est un droit. Elle doit avoir lieu, en priorité, dans son emploi antérieur. Ce n’est que si ce dernier n’existe plus ou n’est plus disponible qu’elle peut se faire dans un emploi similaire ou équivalent comportant le même niveau de rémunération, la même qualification et les mêmes perspectives de carrière que l’emploi initial.

Pour être « similaire », le poste en question ne doit pas entraîner, par rapport à ce poste antérieur, une modification d’un élément essentiel du contrat tel que la rémunération ou la qualification, y compris lorsque le salarié est tenu par une clause de mobilité (cette clause étant limitée au changement de lieu de travail).

Les aménagements du poste de travail

Le médecin du travail peut recommander :

  • Des aménagements et adaptations du poste de travail
  • Des préconisations de reclassement ;
  • Des formations professionnelles à organiser en vue de faciliter le reclassement du travailleur ou sa réorientation professionnelle.

A cet effet, il s’appuie si besoin sur le service social du travail du service de santé au travail interentreprises ou sur celui de l’entreprise. Il informe, sauf si le travailleur s’y oppose, l’employeur et le médecin conseil de ses recommandations afin que toutes les mesures soient mises en œuvre en vue de favoriser le maintien dans l’emploi du travailleur.

Le médecin traitant peut prescrire une reprise du travail à temps partiel pour motif thérapeutique, qui est préconisée :

  • soit lorsque le maintien au travail, la reprise du travail et le travail effectué sont reconnus par un médecin comme étant de nature à favoriser l’amélioration de l’état de santé,
  • soit qu’une rééducation ou une réadaptation professionnelle est nécessaire pour retrouver un emploi compatible avec l’état de santé.

Le temps partiel thérapeutique ne peut être mis en place que si le médecin du travail donne un avis favorable et qu’un accord est trouvé avec l’employeur sur la répartition des heures de travail et la rémunération versée.

Le salaire peut être complété par des indemnités journalières (IJ) sous réserve de l’accord du médecin conseil de l’assurance maladie.

À noter : la mise en place du temps partiel thérapeutique peut avoir lieu au moment de la reprise ou plus tard en fonction de l’évolution de l’état de santé.

 

Références