C’est le soir et vous répondez à vos mails pro entre deux tâches ménagères ? Vous êtes sans doute touché par le blurring ! Ce phénomène de société, qui touche de plus en plus de salariés et de freelances, inquiète les professionnels de santé. Pourquoi ? Comment y remédier ? Voici nos réponses.
Le blurring, qu’est-ce que c’est ?
“Blurring” vient de l’anglais “to blur” qui signifie “brouiller, effacer”. Le phénomène de blurring désigne l’effacement de la frontière entre vie privée et vie professionnelle. Le travail s’invite dans la sphère personnelle du salarié ou du freelance : dans les transports en commun, à la maison, le week-end, et même en vacances. Un phénomène dû à l’arrivée des nouvelles technologies dans les entreprises (internet, applications, etc.) et qui tendrait à s’accentuer depuis plusieurs années. Ainsi, près de 8 salariés européens sur dix sont sollicités par leur travail en dehors des heures de bureau. Inversement, ils sont tout autant à devoir régler des problèmes personnels pendant le temps de travail. En 2016, 37 % des actifs déclaraient utiliser les outils numériques professionnels chez eux ou ailleurs.
De nombreuses études, dont celle du chercheur américain Alex Soojung Kim Pang, ont prouvé que pour être efficace à 100 %, on devrait travailler 4 h/jour. Charles Darwin, par exemple, travaillait de manière intense durant trois séances de 90 minutes tous les jours. Ces journées de travail raccourcies permettraient ainsi de gagner en productivité et en bien-être !
Quelles conséquences sur la santé ?
Smartphones, tablettes, ordinateurs portables… Ces petits gadgets ont révolutionné notre façon de travailler et nous permettent de travailler à distance. Si certains considèrent cela comme une opportunité de flexibilité et d’évolution au sein de l’entreprise, la réalité, c’est que cette sur-sollicitation entraîne une baisse de la qualité du travail et des performances. À force de vouloir être au top du matin au soir, on s’épuise et les capacités de concentration s’amenuisent. Autres conséquences insidieuses du phénomène de blurring :
• Une fatigue psychique ;
• Un stress chronique ;
• Une surcharge cérébrale ;
• Le développement de la compétition entre collègues (c’est à celui qui sera le plus performant et le plus disponible) ;
• La culpabilité de ne pas être assez présent vis-à-vis de ses proches ;
• De l’anxiété ;
• Des troubles du sommeil entraînant la prise de médicaments.
Toutes ces pathologies peuvent même conduire au fameux “burn-out”, un syndrome d’épuisement physique et psychologique, souvent annonciateur d’une dépression.
Comment remédier au blurring : nos conseils
Pour ne pas finir en mode zombie et profiter pleinement de sa vie en dehors du bureau, il faut limiter les risques.
Première étape : faire un bilan de la situation
Munissez-vous d’un carnet et d’un stylo et notez toutes vos activités en rapport avec le travail sur une semaine. Notez tout : le petit mail rapide envoyé à Thérèse la secrétaire avant votre séance de pilates, le coup de fil de Mathieu qui a bien failli faire brûler les lasagnes… Déterminez combien de soirées ou de moments libres vous avez consacré à des taches d’ordre professionnel. Faites les comptes. Vous verrez si vous souffrez de blurring.
Deuxième étape : se mettre en mode “off”
Oui, même si ça ne plaît pas au boss. Enlevez les notifications de mails et de sms. Et pour les plus téméraires, osez éteindre le téléphone. Dédramatisez, il existe en France un “droit à la déconnexion”, un principe selon lequel un salarié est en droit de ne pas être connecté aux outils numériques professionnels en dehors des horaires de travail. Aucun patron ne peut donc punir son salarié si celui-ci était indisponible le soir, le week-end, durant les RTT, etc.
Troisième étape : se discipliner un minimum
Ce n’est pas parce que vous ne répondez pas à un ou deux mails pendant la soirée que l’entreprise va déclarer faillite. Bien souvent, cette hyper-connexion est aussi due à une volonté de bien faire son job, d’être le plus performant possible, de prouver quelque chose. Qu’à cela ne tienne, vous devez travailler sur vous-même pour lâcher prise et vous convaincre que travailler H24 ne vous aidera pas à être qualitatif. Alors, faites autre chose : sortez au resto avec des amis, relaxez-vous en prenant un bain, regardez votre série télé préférée. En bref : pensez à autre chose que votre job.
Quatrième étape : se faire aider
Si le besoin de vous connecter est trop fort, c’est peut-être le signe d’une véritable addiction. Dans ce cas, vous pouvez vous faire aider par un psychologue, un coach, en parler au CHSCT ou à la médecine du travail.
Le blurring peut mener au burn-out ou à toute autre forme d’épuisement professionnel. Vous vous sentez concerné? L’Association France Burn Out (AFBO) défend vos droits et vos intérêts. N’hésitez pas à la contacter pour vous faire aider.
Souvent sous-estimé, le blurring peut causer de nombreux dommages sur votre santé. Alors, on se chouchoute et on coupe toutes les sollicitations professionnelles une fois la journée finie. Votre corps vous dira merci !