Parentalité positive, éducation bienveillante ou positive : autant de termes pour qualifier ce modèle éducatif qui redessine les contours de la relation parent-enfant. Si les prémices de cette approche remontent aux années 50, l’éducation positive a pris une ampleur certaine cette dernière décennie, notamment avec l’adoption de certaines lois pensées pour mettre un terme aux Violences Educatives Ordinaires (VEO). 

Souvent prôné, parfois décrié : découvrez les pour et contre d’un phénomène qui questionne les modèles éducatifs hérités des anciennes générations.

 

L’éducation bienveillante : vers un choc des générations ?

De l’éducation d’hier … à celle d’aujourd’hui

Il est loin le temps où les punitions et autres châtiments étaient considérés comme justes dans l’éducation de nos enfants. Dans les anciennes générations, la relation parent-enfant était basée sur un rapport de force entre dominants et dominés, sous le joug de la domination parentale, qui garantissait obéissance et respect au sein du foyer. 

Mais avec les années, cette forme d’éducation coercitive a révélé certains traumatismes profonds : baisse de l’estime de soi, perte de confiance ou encore peur de reproduire le même schéma familial. Puis vinrent les découvertes sur le fonctionnement du cerveau humain, les neurosciences, qui ont apporté une meilleure connaissance des impacts de l’éducation sur le développement de l’enfant et ont réinterrogé les pratiques les plus élémentaires. On assiste aujourd’hui à une réelle remise en question de l’éducation, levant des débats parfois houleux entre le modèle d’hier et celui d’aujourd’hui.

 

Education positive : préceptes et fondamentaux

L’éducation positive est fondée sur plusieurs principes : 

  • L’empathie ;
  • La compréhension des émotions de l’enfant ;
  • La CNV (Communication Non Violente) ;
  • La non-violence physique ;
  • Un cadre avec des règles claires.

La recherche d’un équilibre relationnel égalitaire et apaisé est au cœur de ce modèle éducatif. Finis les rapports de force, l’enfant est considéré comme un individu à part entière au même titre que chacun des membres de la cellule familiale. L’éducation positive se veut un juste milieu entre laxisme et autoritarisme : elle n’exclut pas de fait les autres modèles d’éducation, mais puise dans chacun d’eux le meilleur pour en créer un tout nouveau, plus adapté à la réalité d’aujourd’hui. 

L’accent est mis sur une meilleure acceptation des émotions de l’enfant pour l’accompagner à traverser les “tempêtes émotionnelles” desquelles son cerveau immature ne peut pas sortir seul avant l’âge de 5-6 ans, comme exposé par les recherches en neurosciences du Docteur Catherine Gueguen et détaillées dans son ouvrage “Pour une enfance heureuse”.

Mais 2019 a également marqué un tournant et redistribué les cartes en matière d’éducation avec l’adoption de la Loi contre les violences éducatives ordinaires. Le Code civil annonce que désormais, « l’autorité parentale s’exerce sans violences physiques ou psychologiques ».

 

Education positive pour une plus grande autonomie chez les tout-petits

L’éducation bienveillante vise avant tout à développer l’autonomie de l’enfant et à instaurer une meilleure coopération adulte-jeune afin d’éviter notamment les disputes.

 

Une meilleure écoute des émotions 

L’accent est mis sur l’écoute des émotions et la façon de les accueillir pour en avoir une meilleure gestion. Cela passe par une verbalisation claire des ressentis pour trouver la voie de sortie de crise la plus adaptée. 

Par exemple, si vous refusez que votre enfant regarde la télévision et qu’il montre des signes de frustration, vous pouvez lui expliquer en quelques mots simples : “je comprends que tu sois triste et en colère, mais la télévision c’est terminé pour aujourd’hui, veux-tu prendre un livre et le lire avec moi”? 

 

Une considération des besoins de l’enfant

L’éducation positive passe également par une considération des besoins de l’enfant, même dans une situation périlleuse. Le but n’étant pas de le surprotéger, mais de lui donner les clés pour qu’il perçoive le danger et puisse agir en conséquence. Au lieu de dire “ne cours pas, tu vas tomber !”, vous pouvez par exemple essayer “je sais que tu as besoin de courir, mais le sol est glissant, nous irons courir demain si tu veux”. Ainsi, l’enfant ne sent pas rabaissé, mais au contraire, encouragé.

Si vous êtes à court d’idées, vous trouverez votre bonheur dans cette liste de phrases bienveillantes à dire à votre enfant, sans modération  !

 

Sites et ouvrages qui prônent l’éducation bienveillante

Au-delà d’un simple effet de mode, de plus en plus d’individus prônent le concept d’éducation bienveillante :

  • La méthode Montessori met l’accent sur le développement moteur et sensitif de l’enfant en concevant un matériel sensoriel adapté à chaque tranche d’âge ;
  • L’influenceur Papa Positive et ses 684 000 abonnés sur Facebook livre au travers de ses différents contenus des conseils et astuces pour une “éducation consciente et positive” ;
  • Les ouvrages “Au cœur des émotions de l’enfant” d’Isabelle Filliozat et “Cool parents make happy kids” de Charlotte Ducharme narrent tous deux des scènes du quotidien, non sans humour, pour aider les parents à revoir leur approche et instaurer un cadre sain.

 

Les limites et dérives de l’éducation bienveillance

Les préjugés ont la dent dure ! Bébé capricieux, enfant roi, parents esclaves, écoliers insolents : quelles sont les limites et dérives de l’éducation positive ?

 

“L’adultisation” des enfants 

L’éducation positive est perçue par beaucoup comme une “adultisation” bien trop précoce des enfants. Les anciennes générations voient d’un très mauvais œil ce qu’ils jugent comme un excès de liberté offert aux plus jeunes qui vient balayer tout ce qui se faisait “à leur époque”. Responsabilisés trop tôt, les enfants ont de plus en plus de mal à obéir et à accepter qu’on leur donne des ordres, se jugeant trop “grands” et assez dégourdis pour faire les choses par eux-mêmes. L’enfant est alors parfois en passe de devenir l’adulte qui commande et réprimande des parents débordés…

 

Le difficile apprentissage de l’erreur et de la frustration

Mais ce qui interroge davantage c’est cette notion d’apprentissage de l’erreur et de la frustration. L’éducation positive immerge parfois les enfants dans un monde aseptisé où la difficulté la plus minime est souvent contournée. Comment alors peuvent-ils disposer des armes pour affronter les difficultés du monde ? Comment faire en sorte qu’ils s’épanouissent à l’école tout en appliquant les notions de respect d’autrui et de bienveillance sans décrocher

 

Ouvrages en faveur d’une éducation moins permissive

Les ouvrages de Caroline Goldman “Établir les limites éducatives” et File dans ta chambre ! mettent en avant un concept de mise à l’écart de l’enfant lors d’une phase de crise. Cet isolement temporaire, appelé “time out” , divise autant qu’il fascine. La méthode de la psychologue, jugée cruelle et punitive, livre pourtant des solutions immédiates pour restaurer le calme et éviter les débordements et emportements aux conséquences parfois dramatiques.

Éducation autoritaire ou éducation positive : et si la question ne devait pas se poser ? Si tous les enfants sont différents, doit-on nécessairement appliquer un modèle éducatif unique ? Sortons dès à présent des clivages érigés autour de l’éducation pour faire cesser les complexes qu’implique la quête du parent parfait.